S'identifier


L'ancienne abbaye cistercienne



Signe d’un lieu d’histoire, l’ancienne abbaye cistercienne de Bellebranche
a conservé peu de bâtiments remarquables, excepté
le bâtiment des convers (ancien dortoir des moines)
et le logis de la Tour Saint-Michel (ancienne infirmerie du monastère). 
Les deux édifices sont inscrits à l’Inventaire des monuments historiques. 
 Ils constituent les traces ultimes d’un ensemble cistercien qui fût 
rayonnant et très prospère à son époque, l’abbaye la plus riche et la plus 
puissante des maisons cisterciennes du Maine Anjou.
Adossé à la forêt de Bellebranche, unique forêt domaniale de la Mayenne,
le site de Bellebranche dégage une impression de sérénité et d’équilibre,
un sentiment souvent exprimé par la plupart des visiteurs. 














Bellebranche ou le rêve cistercien - une brêve histoire de l'abbaye


Né d’une volonté de suivre à la lettre la Règle de Saint-Benoît, l’ordre cistercien est créé en 1098 par l’abbé Robert de Molesme, fondateur de l’Ordre de Cîteaux. Les moines cisterciens souhaitent vivre selon une même charité, une même règle, dans la recherche de la solitude et dans la pauvreté et la prière.

Dès lors, les fondations vont se multiplier en France. Etablie le 27 juillet 1152, l’abbaye de Bellebranche est la 389ème fondation de Cîteaux.
Rapidement, Bellebranche devient l’abbaye la plus riche et la plus puissante des maisons cisterciennes du Maine Anjou. Voyant une intervention divine dans cet accroissement prodigieux, les contemporains ont probablement tissé les fils de la légende de la fondation : elle raconte qu’un corbeau freux tenant dans son bec une branche de chêne, indiqua aux moines, en la laissant tomber, le lieu où devait être bâtie la nouvelle abbaye. Les armes de Bellebranche, d’or à l’aigle éployé d’azur tenant en son bec une branche de sinople rappellent cette histoire.

L’abbaye possédait la seigneurie de Beaumont-Pied de Bœuf et plusieurs autres fiefs considérables. Elle établit un vaste domaine agricole sur les terres avoisinantes et créa au XIII ème siècle pas moins de sept étangs exploités pour la pêche ou mis en culture. La pêcherie procurait au monastère d’importants revenus. Les moines plantèrent deux grandes futaies, cinquante trois quartiers de vignes en trois clos, installèrent quelques dix métairies sur Beaumont et Saint-Brice dont ils avaient la seigneurie paroissiale. De nombreux corps de métiers dépendaient de l’abbaye, dont la plupart travaillaient dans la forêt de Bouère et de Bellebranche. À Bellebranche, les moines menaient une existence de labeur essentiellement agricole. La vie spirituelle faisait une large part à la charité comme en témoignent les règles propres à la communauté. À Angers, l’abbaye possédait un collège pour les études universitaires de jeunes moines.

Pendant la guerre de cent ans l’abbaye est saccagée plusieurs fois par les Anglais de 1344 à 1450. Les Anglais pillent la région pendant trois ans et s’emparent de la forteresse de Saint-Brice. Les moines de Bellebranche abandonnent alors leur abbaye aux mains de l’ennemi et se réfugient au château de Sablé avec leurs biens les plus précieux : croix, calices, livres et ornements. L’abbaye et ses proches métairies sont pillées, brûlées et détruites, bétail et stocks de grain et de vin, volés.

Bellebranche est ruinée par la guerre. Vers 1375, l’abbaye rencontra de puissants bienfaiteurs pour l’aider à se reconstruire.
À peine remise, sans avoir pu retrouver sa splendeur d’antan, l’abbaye est pillée en 1567 par les Huguenots et des moines sont pendus dans les allées de chênes. Quand Henri IV fonda le collège de la Flèche, il songea à lui annexer l’abbaye. Mais un conflit éclata entre les Jésuites et l’abbé de Citeaux qui obtint gain de cause. Bellebranche pu reprendre un peu d’activité en recevant des novices.
En 1683, il ne reste qu’une communauté de quatorze cisterciens criblés de dettes. Les moines furent contraints de traiter avec les Jésuites qui disposèrent de Bellebranche pour en faire une maison de repos. Enfin, la révolution mit un terme définitif à l’existence de l’abbaye. Et le 2 décembre 1794, des Chouans casernés dans la Maison abbatiale, furent attaqués par la garnison de Sablé, qui donna le coup de grâce à l’aventure cistercienne.
Le 19 février 1793, le domaine de Bellebranche est vendu en bien national. En janvier 1798, l’ancienne abbaye avec les bois alentour est le rendez-vous des conspirateurs de la Mayenne et de la Sarthe.
Autour de 1850, le domaine et les ruines de l’ancienne abbaye cistercienne sont rachetés par la famille Le Seyeux.
Parmi les quelques vestiges, le bâtiment des Convers et le logis de la Tour Saint-Michel, (inscrits à l’Inventaire des Monuments historiques), sont aujourd’hui peu à peu restaurés. Les Convers étaient des religieux destinés aux tâches domestiques. Leur bâtiment, plus rudimentaire que le reste de l’abbaye, se dressait à l’ouest du cloître et comprenait au rez-de-chaussée cellier et réfectoire, et à l’étage un dortoir.


→ Voir aussi la page Les visites guidées








    Photographies des auteurs - Tous droits réservés                                          Infos légales - Conception : Intonaco Créations